CHRONIQUE D'UNE ECLOSION
2022
Tout part d‘une larve ou du «cocon» dont la libellule se débarrasse au moment de son envol. Tout se joue dans les boîtes de stockage des insectes affranchis ou moribonds. Tout aboutit à des agrandissements. A l‘image inquiétante. Qui brouille les frontières du réel et de la (science-) fiction. Qui brouille, bien sûr, les pistes de lecture: celle qui affirme que le danger vient de l‘infiniment petit et celle qui répète la genèse du monde, que l‘insecte préside aux destinées de la longue chaîne du vivant, et que sa mue questionne la condition humaine.
La lecture est plurielle, comme la technique, qui manipule derechef le point de vue labyrinthique. On passe des transparents (radio)graphiques aux effets contrastés, aux noirs documentaires et terrifiants. Par jeu de miroir interposé, on termine sur un climat aqueux, souple (support oblige) comme du papier peint.
Quoi qu‘on en dise, la photographie de Luc Ewen n‘est ni désespérée ni désespérante ... ce qui ne l‘empêche pas de titiller la mouche de Kafka.
Marianne Lorgé, 2003